GR34, J1 à J5: Dol de Bretagne aux Sables d’Or les Pins
J’ai longtemps hésité entre partir de Pontorson et aller jusqu’au Mont St Michel ou partir de Dol de Bretagne. Peut être à la fois par l’incertitude vis à vis de la météo, mais aussi la longueur de la portion côtières le long des polders… rien de passionnant pour un amateur de montagne comme moi. Et puis ma grosse angoisse quant à cette aventure ce fut dès le début la gestion de la ressources en eau. Hé oui ! En montagne il y a des torrents partout. Mais en bord de mer, ce n’est pas parce qu’il y a de l’eau salée qu’on trouve à boire… Et puis le Mont St Michel je connaissais déjà de l’avoir visité avec So’… Alors j’ai coupé court… vous verrez qu’a plusieurs reprises j’ai coupé court, je ne le cache pas. Parfois parce que je connaissais déjà la côte pour l’avoir arpenté côté terre avec So’, parfois côté mer à la voile… et puis aussi par paresse, voulant jouir des endroits les plus beaux et éviter les plus pénibles, jongler avec la météo…
J1: Gare de Dol de Bretagne – Bivouac à la Pointe du Nid : 23km
Finalement je suis arrivé à Dol par le Train le 2 septembre. A mon habitude, je ne me suis pas éternisé à la ville et ai emboité le pas direction Mont-Dol, joli lieu au demeurant, pour rejoindre au plus vite le bord de mer. Comme toujours pas mal d’eau dans le sac et à manger pour 4 à 5 jours. 10km en bord de route départementale sur la dune… on a connu plus sauvage. Je prends naturellement le GR34A pour couper dans les terres et éviter Cancale afin de pouvoir trouver un lieu où bivouaquer le soir car rien de pire que de finir à Cancale ou à la Pointe du Grouin pour passer la nuit.
Je suis obligé d’acheter (misère!!!) de l’eau à St Benoit afin d’être sûr d’être autonome pour la fin de journée, la nuit et demain matin
J’arrive donc à la pointe du Nid à 19h45. L’endroit me parait idéal pour bivouaquer quand bien même des panneaux d’interdiction et de propriété privée annonce le contraire. Évidemment bivouac “sauvage”: pas d’eau, ni pour refaire le plein, ni pour se laver. Après une demi-heure installé, j’entends le bruit d’un moteur. Un trafic se gare. De loin j’observe une mère et ses deux enfants vivant dans un camion à peine aménagé se préparer à passer le nuit. Ce ne sont pas des voyageurs, mais bien une famille vivant de peu dans son camion. Mère courage.
Je me fais discret ayant peur de les voir quitter leur lieu de repos pour la nuit s’ils découvraient mon bivouac.
La météo est passable mais les températures très douces.
J2: Pointe du Nid- Camping de St Enogat (navette maritime entre St Malo et Dinard): 23km
La nuit et le réveil furent agréables au son du bercement régulier des vagues sur la grève. Je décolle à 9h30
Le Fort du Guesclin sort de la brume. Mes pas s’impriment dans le sable de la plage du Guesclin… j’ai du mal à trouver mes repères comparé à la montagne… J’angoisse pas mal sur l’eau potable. Vous pourrez penser que c’est stupide. Je pourrais toujours sonner aux portes pour demander aux habitants de remplir mes bouteilles…Je ne sais pas si c’est une appréhension profonde, d’un a priori stupide qu’une telle démarche aurait tendance à déranger les gens dans leur cocon… quoi qu’aucun n’aurait refusé même fortement gêné. Disons plutôt que c’est ma motivation à faire mes marches de façon la plus autonome possible… mais vous verrez par le suite que la paramètre “eau” me poussera à revoir mes ambitions.
La côte est bien découpée, le sentier monte et descend sans relache. Comme a chaque fois, les premiers jours sont les plus durs pour le corps. Je fais une pause au havre de Rothéneuf. Allume le camping gaz (oui je porte lourd cette fois ci… pas de dénivelé, j’ai notablement augmenté le poids du sac à dos) et me fait des pâtes… Un sacré coup de barre me tombe dessus, je fais une sieste.
Si sur la carto, à vol d’oiseau il n’y a pas long, le GR suit vraiment le profil de la côte. Son cheminement fractal augment sensiblement la longueur du parcours.
Il m’arrivera souvent de couper par la terre pour éviter le sur-kilomètrage nécessaire uniquement à faire le tour d’une pointe. J’arrive aux abords de St Malo à marée basse.
L’ambiance est superbe, entre les remparts et ses kilomètres de sables sous mes pieds.
Je me pose la question de la stratégie à adopter pour la suite pour franchir la Rance.
Par le pont ou par bateau… je calcule un peu les temps de marche et me rend compte que passer par la route du barrage sur la Rance me planterait au milieu des routes et habitations à l’heure du bivouac, ou me forcerait à me poser en fin d’après midi juste avant le pont dans un lieu un peu merdique pas loin de la route et des habitations sans certitude de trouver un lieu adéquat… Et puis encore ce problème de l’eau, pour se laver, manger et refaire le plein… c ‘est vraiment problématique avec ma démarche d’autonomie.
Du coup je traverse la vieille ville, passe le port et prend la navette maritime pour Dinard.
Je me poserais au camping de St Enogat pour la nuit. Première douche.
J3: St Enogat – Bivouac au pied du château en ruine de Gilles-de-Bretange, Le Guildo: 36km
Aujourd’hui c’est une journée très urbaine au milieu des magnifiques résidence de Dinard, St Lunaire, St Briac, Lancieux…
Entre plage et long de route… j’ai un peu de mal à m’y faire à toute cette urbanisation. Dès que je peux m’éloigner des habitations et de la route, je revis enfin…
Ca me fait sourire de voir mon ombre avec un chapeau de paille sur la tête… celà faisait 8 ans que je portais des dreads… je les ai coupé juste avant de partir. J’ai peur de prendre un coup de soleil sur la tête.
J’en ai eut assez. Pas de mes cheveux non… assez de plein d’autres choses. Des relations avec les autres, de la superficialité des relations, de la médiocrité des relations, des passions tristes, des relations à sens unique…
J’étais fatigué de donner sans cesse, de me soucier des autres et de ne voir aucun retour. Je voulais changer…
Un matin en me rasant et raccourcissant les mèches de mes tempes, la tondeuse à fait un léger cran. Je me suis demandé qu’elle tête j’aurais si je me coupais les cheveux… Qui je pourrais être d’autre…
Deux heures plus tard, mes dreads qui m’arrivait jusqu’aux fesses n’étaient plus qu’un simulacre de perruque à même le sol. S’en était finit du Loïc de ces 8 dernières années. Beaucoup ne me reconnaitraient plus… Nombreux ne me recroiseraient plus de toute façon.
Je voulais changer
J’ai éviter la pointe de St Jacut pour ne pas arriver à l’heure du bivouac en plein ville. Je pensais trouver un coin où me poser après le pont du Guildo… et finalement j’ai découvert à 18h les ruines du Château de Gilles de Bretagne…
endroit improbable, magnifique sous les lumières de fin de journée, ambiance surréaliste… et surtout: un robinet d’eau !
Ne pas cherchez plus loin, ce sera le lieu parfait pour la nuit et pour la douche !
J4: Le Guildo – Pléhérel par les terres – Camping à Les Sables d’Or les pins: 25 km
Je décolle vers 9h
Ca me gonfle de faire le tour de la pointe de St Cast, pour ensuite me taper celle du Cap Fréhel. C’est tout plat, y’a pas la montagne, c’est toujours pareil… C’est terrible ce 4ieme jour… le GR m’emmerde méchamment… du coup je craque et coupe tout droit… Je fais la pause de midi à Port à la Duc… ciel chargé… autant que mon sac à dos… super lourd en fait… Même si mon nouveau sac de portage est super confortable, le fait qu’il soit énorme m’a permit de prendre plein de chose…
J’ai un réchaud à gaz… un ou deux bouquins et même une canne à pêche… j’ai craqué en fait… je ne sais même pas pourquoi j’ai prit autant… tant pis pour moi.
Je trace donc tout droit direction Pléhérel… car je connais le Cap Fréhel pour en avoir fait un bout avec So’, je sais qu’il n’y a pas un pet d’eau ni âme qui vive et ça rendrait la chose encore plus difficile.
La lande est magnifique, entre les pins et les genêts, je commence à apprécier tout doucement cet environnement
Je me pose au camping municipal des Sables d’Or, la plage est immense à marée basse.
Je me fait une énorme pinte, et fais de belles courses de ravitaillement et y passerait la journée du lendemain histoire de tester ma canne à pêche.
J5: Repos
Je m’amuse à aller à la pointe du champ du port taquiner le poisson… Que dalle, pas une touche… je me demande si c’est moi qui m’y prend comme un manche ou si il y a vraiment du poisson là dedans…
Je bulle au soleil à bouquiner ou a écouter les conf’ de l’Université Populaire de Caen et les conf’ de Michel Onfray